La consommation de substances psychoactives fascine et excite la curiosité pour l’expérimentation en vue d’une augmentation de nos capacités psychiques et physiques, en même temps qu’elle promet une satisfaction de nos désirs : désirs de fusion, quête de nirvana, de transgression, d’euphorie rétablissant la toute-puissance narcissique…
La dépendance aux substances psychoactives est un problème de santé publique majeur dans le monde entier. Les drogues, qu’elles soient illicites ou prescrites légalement, peuvent avoir des effets néfastes sur la santé physique et mentale d’un individu.
La dépendance commence souvent par une consommation récréative occasionnelle qui peut rapidement se transformer en un besoin compulsif de consommer régulièrement pour obtenir les sensations recherchées. Cette habitude devient alors difficile à briser sans aide professionnelle.
Les symptômes de la dépendance incluent l’anxiété, les troubles du sommeil et de l’appétit, ainsi que des changements comportementaux tels que le mensonge ou le vol pour financer sa consommation.
Les substances psychoactives agissent sur le cerveau en modifiant les niveaux de neurotransmetteurs naturels responsables du contrôle émotionnel et comportemental. Les drogues peuvent stimuler la libération de neurotransmetteurs tels que la dopamine associée au plaisir et à l’épanouissement personnel. Cela peut susciter une envie irrésistible chez l’individu pour rechercher cette sensation agréable.
La dépendance aux substances psychoactives se développe progressivement suite à une utilisation fréquente et prolongée des stupéfiants. Des facteurs prédisposant comme les antécédents familiaux liés à ce trouble, troubles psychologiques sous-jacents ainsi qu’un environnement social propice au recours aux drogues constitueraient autant d’éléments susceptibles d’accroître le risque.
Le traitement multidisciplinaire impliquant différentes approches pharmacologiques, psychologiques ainsi que sociales est souvent recommandé dans le cadre du traitement contre cette pathologie mentale chronique. Les médicaments sont utiles pour atténuer les symptômes liés au sevrage tandis que diverses formes de thérapies permettent notamment d’examiner minutieusement tous éléments pourront favoriser son développement tout en proposant des solutions pour faire face aux déclencheurs de la consommation des drogues. En définitive, il est crucial de prendre au sérieux la problématique relative à la dépendance aux substances psychoactives qui peut avoir des répercussions graves sur divers aspects du bien-être individuel. Il convient ainsi d’adopter toutes mesures nécessaires pour éviter ou traiter efficacement cette condition psychologique.
La dépendance aux SPA en psychanalyse :
La psychanalyse moderne et les théoriciens spécialisés dans les relations d’objet apportent l’idée que la relation fusionnelle à la mère, la relation de dépendance qu’un sujet pourrait expérimenter dans sa vie permettrait d’acquérir la contenance et la capacité à symboliser psychologiquement. Quand Il existe une défaillance dans la transmission des processus psychiques, le sujet se trouve incapable de se réguler seul et cherche donc à être contenu ou régulé par l’extérieur. Cette recherche peut évidemment prendre plusieurs formes dans l’organisation psychique d’un individu. La consommation des substances psychoactives est l’une d’elles.
Malak Chegdal
Toutefois, un effet secondaire de cette relation avec cet objet-drogue est qu’elle permet à la personne qui consomme d’éprouver un sentiment d’emprise et de maîtrise sur l’objet. Cela crée donc une étrange illusion de toute-puissance, et parallèlement, un étrange déni de dépendance à l’objet. Pour tout observateur, la personne qui vit avec un trouble lié à l’usage de SPA est dépendante, mais inconsciemment, le consommateur se donne l’illusion d’un contrôle omnipotent sur l’objet et sa fonction. L’inconvénient est que cet objet ne peut pas être un objet symbolisant, ne peut pas être un objet transformateur. Cet objet externe substitut de l’objet réel ne peut être qu’un objet externe tangible et réel qu’il faut sans cesse et sans cesse réincorporer. La relation à l’objet-drogue échoue sur ces deux derniers niveaux, et l’usage de la drogue doit se répéter indéfiniment, avec la seule fonction de gestion économique des affects qui demeure.
Par cet « objet-drogue », il y a bien une tentative de relation qui distingue cet agir d’un simple comportement d’acte-décharge traditionnel. Il y a donc dans cette rencontre une illusion de dialogue qui s’installe. C’est au travers d’une relation avec un objet bien concret et réel qui semble momentanément capable de soulager la souffrance et de répondre aux besoins de contenance de la personne qui consomme. Certaines drogues sont très efficaces pour réduire les tensions internes, l’angoisse ou encore la pression du surmoi. C’est le facteur économique de la quantité (au sens psychanalytique de la gestion économique des excitations) de la drogue qui est efficace. Aussi efficace que soit cette solution, aucune drogue ne peut remplir la fonction transformatrice dont le sujet aurait véritablement besoin pour utiliser et comprendre son monde intérieur. « [Un] objet appartenant au monde réel ne [peut] réparer des manques dans le monde psychique interne, le comportement addictif souffre inévitablement d’une dimension compulsive » (McDougall, 2004), avec l’objectif constant de retrouver la fonction initialement comblée.
Dans un fonctionnement psychique sain, la relation à une personne réelle non seulement aiderait à la lutte économique, mais deuxièmement soutiendrait un processus de symbolisation et aussi permettrait l’identification à la fonction transformatrice symbolisante de l’objet.